Motion sur la réforme du lycée et du baccalauréat

L’Association des Professeurs de Lettres a pris connaissance des orientations arrêtées par le ministre de l’éducation nationale quant au lycée et au baccalauréat.

Elle constate avec satisfaction que les propositions contenues dans la seconde partie du rapport Mathiot, véritable plan de sape de l’enseignement disciplinaire, n’ont pas été retenues par le ministre.

Bien qu’elle demeure hostile au contrôle continu, qui risque de transformer le baccalauréat en diplôme d’établissement, elle reconnaît que l’organisation annoncée (proportions respectives des épreuves terminales et du contrôle continu, épreuves ponctuelles sur sujets nationaux ou académiques) limite raisonnablement ce risque et peut, si ce contrôle continu est correctement encadré, contribuer à amoindrir les différences de notation entre les lycées ; cependant, elle demande instamment que les épreuves ponctuelles soient corrigées par des professeurs extérieurs à l’établissement. L’APLettres juge par ailleurs parfaitement incongru que l’histoire-géographie ne fasse pas partie des « épreuves universelles » à une époque où l’unité nationale et l’instruction des futurs citoyens doit être le souci majeur de l’Institution. Elle s’inquiète enfin de la manière dont s’organisera le Grand oral et demande que seuls des professeurs fassent partie du jury et que cette épreuve ne soit pas interdisciplinaire, puisque aussi bien les études supérieures auxquelles elle est censée préparer ne le sont pas avant le master.

En ce qui concerne l’organisation du lycée, l’APLettres déplore que l’horaire de français ne soit pas réévalué, alors même que la maîtrise du discours et la culture littéraire participent des priorités proclamées du ministre. Surtout, elle exprime ses plus grandes réserves à l’endroit de la spécialité « lettres-philosophie ». D’une part, cet enseignement semble s’inspirer de l’exemple, à tout le moins peu probant, des classes préparatoires scientifiques et risque de faire fi des compétences spécifiques des professeurs de lettres et de philosophie. D’autre part, elle risque, contre la volonté affirmée du ministre, d’entraîner une dérive techniciste de l’approche littéraire, tandis que le domaine des idées reviendrait à la philosophie : rappelons à cet égard que l’étude d’auteurs tels que Montaigne, Pascal ou les philosophes des Lumières a toujours occupé une place éminente au sein du cours de français et constitué une propédeutique intelligente au cours de philosophie.

L’APLettres estime qu’on ne revalorisera pas les études littéraires au moyen d’enseignements redondants par rapport à ceux du tronc commun, tels que l’actuel enseignement de lettres de Terminale L. Elle demande que soient proposées de vraies spécialités littéraires, complémentaires du tronc commun, à commencer par le latin et le grec ancien, dont il est incompréhensible qu’ils n’apparaissent pas parmi les spécialités proposées, alors qu’ils pouvaient faire l’objet d’une version et de questions au bac jusqu’en 1995. L’APLettres suggère qu’en sus des langues anciennes de vraies spécialités littéraires, adossées aux filières universitaires, soient créées telles que la littérature comparée, la littérature en langues étrangères, l’histoire médiévale ou l’histoire moderne. Enfin, l’APLettres demande que soit assurée la possibilité d’étudier à la fois les options latin et grec ancien.

le Bureau