L’Association des Professeurs de Lettres a pris connaissance du rapport de l’IGÉSR publié en janvier dernier et intitulé : « La classe de seconde : étape-clé pour l’élève de lycée. » Ce rapport constate « une baisse du score moyen en français » et s’inquiète de ce que « les cohortes d’élèves disposent d’une moindre maîtrise des connaissances fondamentales et disciplinaires et rencontrent de plus en plus de difficultés à en acquérir de nouvelles ». Mais loin de chercher les causes du mal, ce rapport en tire prétexte pour préconiser une fuite en avant dans la politique même qui l’a engendré, en évacuant le savoir de l’école et en substituant les activités aux cours.
Ainsi, l’Inspection générale demande que soit accru le rôle des acteurs locaux, au risque d’aggraver les inégalités entre académies et au mépris de la neutralité de l’institution, mais au profit des baronnies locales, politiques ou patronales et d’associations vassales, qui vivent depuis des années d’une véritable délégation de compétence généralisée, organisée à leur bénéfice.
Pis encore, l’Inspection générale, dont l’audace ne recule devant aucun sophisme, impute le désastre disciplinaire à la part trop belle faite selon elle aux disciplines dans l’enseignement et à des programmes qu’elle juge trop exigeants ! Elle propose donc de réaffecter les dotations horaires globales au détriment des cours et au bénéfice de dispositifs de remédiation et d’intervenants extérieurs.
Enfin, l’IGÉSR veut promouvoir l’« engagement » des élèves et recommande la multiplication des « classes engagées », préférant manifestement à l’instruction du citoyen son conditionnement et son embrigadement.
Tout à rebours de ces préconisations aussi aberrantes que délétères, l’Association des Professeurs de Lettres dénonce le renoncement à instruire qui fonde l’idéologie de l’Éducation nationale depuis plus de trente ans et substitue à l’instruction patiente et méthodique des élèves la dispersion, le saupoudrage et le catéchisme. Elle recommande l’abandon de la notion de compétences et de la séquence didactique, le recentrement de l’école sur les cours, des programmes structurés et progressifs dans leurs exigences, un enseignement spécifique et systématique de la grammaire, de l’orthographe et de la conjugaison, du vocabulaire, la fréquentation précoce et assidue des textes du patrimoine, sans aucun a priori idéologique. Elle rappelle en outre sa proposition de réforme pour la classe de seconde autour d’un enseignement de culture générale optionnel, qui promouvrait notamment l’enseignement du latin et du grec, seuls fondements possibles d’un vrai redressement disciplinaire de l’enseignement secondaire.