Motion sur le projet de programme de français pour le Lycée professionnel

Conformément à ce qui était annoncé, les projets de programmes de Lettres du CSP en CAP et Seconde BAC PRO sont parus en février 2019.

Saluons le fait que le programme en Seconde BAC PRO s’appuie en partie sur l’existant pour ne pas trop désarçonner les enseignants, ce qui est conforme à nos requêtes, étant donné la mise en place au pas de charge de cette transformation de la Voie professionnelle…

Saluons aussi le fait que le programme soit resserré (quatorze pages) et énoncé de façon simple, dénué du verbiage pédagogique aporétique qui alourdissait le programme précédent. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…

La connaissance et la maîtrise de la langue sont détachées des objets d’études, ce qui constitue un progrès en termes de liberté pédagogique et de souplesse.

Sur le fond : trois objets d’études en 2PRO, puis deux en 1PRO, puis un en TPRO ; cette progression ressemble à un entonnoir, mais peut se comprendre car c’est en 1 PRO et surtout en TPRO que le temps dévolu aux cours se contracte à cause des périodes de stages obligatoires… L’unique thème de TPRO est d’ailleurs fort vaste…

Les objets d’études proposées en classe de 2PRO sont variés et invitent à des activités très diverses qui traduisent ainsi une volonté de toucher à tout.

– « Devenir soi : voix et voies de l’identité » s’inscrit dans la continuité des programmes de troisième où le moi est déjà omniprésent. L’intérêt de la littérature n’est-il pas pourtant de s’arracher à la contemplation de soi ? On regrette que cette chance ne soit pas donnée aux élèves au lieu de les entretenir dans leur tendance, naturelle et partagée, au narcissisme.

– « S’informer, informer : les circuits de l’information » est un thème dont l’intérêt, quoique moins littéraire, est évident pour la formation du futur citoyen.

– « Dire et se faire entendre : jeux et enjeux de la parole » invite à la lecture d’une œuvre théâtrale et à une réflexion sur la mise en scène de la parole publique, ce qui présente un double intérêt, littéraire et civique.

Les remarques et propositions concernant la co-intervention et l’interdisciplinarité s’avèrent plutôt vagues ou indigentes, traduisant probablement la gêne, compréhensible, des concepteurs du programme à cet égard ; les échos (sic) entre les objets d’études et la communication professionnelle en entreprise ne convainquent guère.

Quant au programme de CAP, il est conçu selon la même architecture que celui de BAC PRO, avec trois objets d’études à étudier durant deux années au lieu de quatre précédemment ; deux thèmes sont totalement nouveaux, mais proches de ceux de BAC PRO : « se dire, affirmer, s’émanciper », « s’informer, informer, communiquer » et « rêver, imaginer, créer ». Bien que ces formulations infinitives puissent lasser tant elles renvoient au moi, force est de constater qu’elles ne désarmeront pas les enseignants de CAP qui seront en terrain connu s’ils enseignent aussi en BAC PRO. 

le Bureau