Motion sur la réforme de la voie professionnelle

Après le rapport rendu par Céline Calvez et Régis Marcon, l’APLettres a pris connaissance du projet de réforme de la voie professionnelle envisagée par le ministère de l’éducation nationale.

La réforme « Bac Pro 3 ans » de 2009 avait déjà amputé la formation des élèves d’une année complète. La réforme projetée, qui réduit le temps de formation hebdomadaire en Bac Professionnel de 34 heures à 30 heures, affecte au premier chef les matières d’enseignement général (lettres, HGEMC, mathématiques, physique, langue vivante) : l’horaire de Lettres-HGEMC passe de 4,5 heures à 3 heures par semaine, auxquelles s’ajoute une demi-heure de co-intervention (interventions simultanées d’un professeur d’enseignement général et d’un professeur d’enseignement professionnel), où l’on ne fera ni Lettres ni HGEMC, mais au mieux de la communication professionnelle. En CAP, où les élèves sont souvent en grande difficulté dans les savoirs fondamentaux, l’horaire de Lettres-HGEMC serait d’1h30 seulement. En outre, la volonté affichée de développer l’apprentissage, non seulement dans les formations privées mais aussi dans les lycées publics, réduira nécessairement le temps scolaire au profit du temps en entreprise.

Ces réductions paraissent d’autant moins conciliables avec un discours ministériel qui martèle l’importance des savoirs fondamentaux, que le Lycée professionnel accueille des élèves souvent en difficulté dans les matières générales. En outre, la technicité croissante des métiers de l’industrie et des services nécessite des employés qui sachent mieux lire, écrire, compter, parler, maîtriser des langues étrangères. Toutes qualités que développe surtout l’enseignement général, et les lettres au premier chef.

Sur le plan pédagogique, la réforme LP2019 prévoit, pour « donner du sens » aux enseignements généraux, de développer une pédagogie de projet en co-intervention. Cette antienne a pourtant déjà été expérimentée avec le PPCP (« Projet Pluridisciplinaire à Caractère Professionnel ») mis en place par Claude Allègre en 1999 : ce dispositif s’est vite étiolé, avant de mourir en déshérence en 2009.

Enfin, la lettre de saisine adressée le 12 septembre au CSP lui demande de rédiger, pour mars 2019, de nouveaux programmes de CAP et de BAC PRO « explicites et resserrés » applicables dès la rentrée de septembre 2019, délai très court pour se saisir de ces nouveaux programmes.

L’APLettres s’alarme du traitement ainsi réservé à la formation intellectuelle des élèves de lycée professionnel et demande instamment que la place des enseignements fondamentaux, et tout notamment du français, y soit reconsidérée et sérieusement réévaluée.