L’Association des Professeurs de Lettres a pris connaissance du projet de nouveau programme de français pour le cycle 3.
Certes, elle se félicite que le vocabulaire y soit tenu pour « un domaine d’apprentissage à part entière », que la grammaire et l’orthographe y soient définies comme « un objet d’apprentissage spécifique, rigoureux et explicite », dont l’étude, quotidienne, passe par des exercices d’application, qu’il y soit recommandé une « attention particulière » pour la conjugaison, qu’il y soit préconisé que les travaux écrits convoquent les connaissances grammaticales. Elle se réjouit également de l’importance reconnue à la lecture et de l’accent mis sur le plaisir dont elle doit être la source.
Cependant, l’horaire hebdomadaire dévolu à la grammaire au cours moyen, d’au moins 2h15, est assurément insuffisant et implique une brièveté délétère des plages quotidiennes. De même, l’APLettres déplore que, contrairement à ce qui est prescrit au cours moyen, ce temps ne soit pas, en sixième, inscrit à l’emploi du temps, mais mené « de manière régulière » et « réparti sur toute la semaine ». Ces conditions, peu propices au rétablissement de la leçon, se prêtent au contraire à faire de la grammaire, au sein de la séquence didactique, un appendice des activités menées en français et mises en vedette par un programme dont l’ordonnancement l’a précisément reléguée en queue de sommaire. Cette subordination et cette relégation trouvent d’ailleurs leur corollaire et leur confirmation dans le manque de netteté d’un programme décliné sous forme d’objectifs et d’exemples, au lieu de tout simplement consister, à l’instar des programmes de 2009, en la liste des notions à enseigner.
En ce qui concerne la lecture, l’APLettres déplore qu’au CM aucun texte proposé, sinon les Fables de La Fontaine, ne soit antérieur au XXe siècle et qu’il faille attendre la classe de sixième pour découvrir les contes de Grimm ou de Perrault ! Elle condamne l’ambition à la fois prématurée et tendancieuse, et fort éloignée du plaisir de la lecture qu’on dit vouloir susciter, d’une approche des textes « orientée par une perspective anthropologique, permettant le développement de compétences psychosociales ». Elle rappelle que l’explication et la problématisation des textes ne sauraient se faire avant que le discours, ainsi que des rudiments d’histoire, ne soit maîtrisé et qu’en privant les élèves de l’horaire nécessaire à cette maîtrise ces prétentions à contretemps sont la garantie que ces objectifs d’appropriation culturelle ne soient jamais atteints.
Aussi l’APLettres demande-t-elle que le programme soit remis à l’endroit, de manière à ouvrager en la grammaire, l’orthographe et le vocabulaire les instruments, aiguisés avec constance et trempés dans des lectures réellement formatrices, du raisonnement à venir.