Motion sur le projet de réforme du Collège
L’Association des professeurs de Lettres, réunie en assemblée générale le samedi 28 mars 2015, condamne avec vigueur le projet de réforme du collège présenté par la ministre de l’éducation nationale.
En laissant 20% du temps scolaire à la discrétion des conseils pédagogiques, cette réforme poursuit la remise en cause du caractère national de l’enseignement en France, donc de l’égalité entre les élèves de France. Cette autonomie assujettit en outre les professeurs aux décisions des conseils pédagogiques, c’est-à-dire à des rapports de force idéologiques ou disciplinaires locaux, dont ne devrait pas dépendre l’instruction des élèves.
En instituant des Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI), le ministère renoue, en les aggravant d’une dimension idéologique pour le moins inquiétante, avec les errements qu’avaient constitué les IDD. Or une pratique interdisciplinaire valide ne peut procéder ni de la négation ni de l’instrumentalisation des savoirs disciplinaires.
L’APLettres s’alarme tout notamment de la disparition programmée du latin et du grec, si ce n’est dans quelques établissements d’élite. L’enseignement des langues anciennes serait, pour une part, dilué dans un EPI, lequel, quand bien même il serait, par endroits, intelligemment conçu, n’occuperait que la moitié d’une année ; en tant qu’« enseignement complémentaire », il serait amputé de la moitié de son horaire en Cinquième, du tiers en Quatrième et en Troisième et financé sur la part de la dotation dévolue à l’autonomie des établissements, dépendant par conséquent des bons vouloirs locaux.
L’APLettres attend au contraire que les langues anciennes soient reconnues comme un élément essentiel de la formation de la personne et du citoyen et qu’une véritable réflexion soit menée sur la place qui leur revient dans le cursus scolaire national. D’elles dépendent les priorités affichées par le gouvernement : la maîtrise intime du français, l’appropriation du patrimoine littéraire et artistique national, la compréhension de l’histoire de France, la formation de l’esprit critique par l’ouverture sur des traditions culturelles et intellectuelles païennes.
Paris, le samedi 28 mars 2015