Le Bureau de l’Association des Professeurs de Lettres condamne avec la plus grande fermeté l’atteinte inacceptable faite à la liberté d’expression de deux collègues de philosophie et constate avec une vive inquiétude, certains de ses adhérents en ayant également été victimes, la multiplication, ces dernières années, de pareilles mesures d’intimidation.
Qu’un ministre s’effarouche de ce qu’il tient pour de l’« outrance », comme les dévots s’offusquaient des pamphlets de Voltaire ou le parti de l’ordre des discours de Hugo, n’importe en rien ; au contraire, ces cris d’orfraie manifestent, face au retour du dogmatisme le plus cru et de la tartufferie la plus fieffée, l’urgence d’une parole affranchie, voire subversive.
Que les professeurs anathématisés se soient prévalu de leur qualité ne change rien à l’affaire, ou plutôt leur qualité leur faisait justement l’impérieux devoir de dire ce que la raison leur dictait avec l’indignation qu’elle leur inspirait. Aussi l’APLettres leur témoigne-t-elle sa sympathie républicaine et son soutien confraternel.