Le Bureau de l’Association des Professeurs de Lettres a pris connaissance du dispositif mis en place pour l’accueil des élèves allophones dans les classes, notamment à travers la circulaire de la DGESCO n°2012-141 du 10 octobre 2012. Ce dispositif privilégie l’intégration immédiate dans le système éducatif normal et limite à une année le temps passé dans des unités spécialisées, avec une prolongation d’une année pour ceux d’entre eux qui n’avaient jamais été scolarisés y compris à l’étranger ; l’élève, qui peut intégrer le cursus normal à n’importe quel moment de l’année, est ensuite suivi par un professeur référent du CASNAV (Centre académique pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés) en relation avec le professeur de lettres, présumé compétent, alors que peu d’entre eux ont suivi de formations adéquates. L’élève est dès lors censé poursuivre son apprentissage du français à travers l’ensemble des cours, lesquels doivent être pensés et infléchis en fonction de ses besoins.
L’APL s’inquiète d’un dispositif uniforme et peu réaliste, qui obéit manifestement à des considérations budgétaires plus qu’à l’intérêt des élèves concernés ; elle s’étonne de la désinvolture de l’Institution à leur égard ainsi qu’à l’égard des autres élèves, des professeurs et des enseignements dispensés. Si l’apprentissage du français par imprégnation est effectivement envisageable et même préférable pour des élèves très jeunes, il n’en est pas de même pour des collégiens et a fortiori des lycéens. L’intégration prématurée de ces élèves aux classes normales, au prix de l’instrumentalisation des enseignements disciplinaires, ne peut, sauf à maquiller hypocritement leurs résultats, que décourager voire interdire leur progression, tout en nuisant à la scolarité de leurs camarades.
L’APL demande que le dispositif d’intégration soit modulé en fonction de l’âge des élèves allophones, qu’une formation spécifique, facilement accessible sur tout le territoire national, permette une mise à niveau préalable à leur intégration et que des auxiliaires de vie scolaire soient ensuite disponibles pour accompagner ces élèves pendant et après les cours, sur le modèle de ce qui existe pour les élèves handicapés.